La transition énergétique fait plus que jamais l’actualité. Alors que la version finale du projet de Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) a été publiée en ce début d’année pour la période 2019-2023, les objectifs de la France tendent vers l’accélération du développement des moyens de production et de pilotage décentralisés.

Ce report de responsabilité des questions énergétiques sur les citoyens et les territoires a été analysé dans une publication précédente.

De nouveaux acteurs dans la chaîne de valeur de l'énergie

En raison d’une ouverture à la concurrence du marché énergétique et de l’exploitation grandissante des technologies issues du digital, la chaîne de valeur de l’énergie est pénétrée par de nouveaux acteurs. Ces derniers y prennent place à travers de nouvelles offres et services.

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Au centre de cet écosystème, le consommateur est plus que jamais désireux de maîtriser les coûts de son approvisionnement en énergie tout en réduisant son impact sur l’environnement. Ainsi, dès 2014, les premières opérations d’autoconsommation voient le jour au sein du système énergétique français, symbole d’un rapprochement entre les mondes de la production et de la consommation. Dès lors, de plus en plus d’acteurs se positionnent sur l’autoconsommation, qu’ils soient industriels ou particuliers, individuels ou réunis au sein d’opérations collectives. Ainsi, à fin 2018 presque 80% des demandes de raccordement pour les installations de production photovoltaïque traitées par Enedis sont en autoconsommation…

Qui sont ces nouveaux acteurs ? Quels sont les impacts sur le système énergétique français ? Quels sont les freins et leviers au développement de l’autoconsommation en France ? Et quelles évolutions sont à anticiper ?

Un développement inégal selon les filières

Même si des freins demeurent présents pour tous les types d’installations en autoconsommation (rentabilité parfois incertaine, mécanismes de soutient faibles, complexité des démarches, cadre règlementaire et TURPE non matures), le développement est inégal entre les filières :

  • Particuliers : avec 46 000 autoconsommateurs fin T1 2019, ce sont les mécanismes de soutien par rapport au prix de l’électricité soutirée du réseau, ainsi que les performances futures des dispositifs de stockage, qui seront déterminants pour le développement à venir de ce segment
  • Collectif : encore au stade de démonstrateur pour les quelques dizaines d’installations en France, la stabilisation récente du cadre réglementaire et les premiers retours d’expérience sur les installations les plus anciennes devraient permettre le déclenchement de l’industrialisation de ce type d’installations
  • Industriel : même si la CRE à récemment décidé de suspendre ses appels d’offre solaires pour l’autoconsommation, un peu plus de cent sites ont déjà passé le pas en France, parfois même sans avoir recours à des mécanismes de soutien pour obtenir une rentabilité financière

La version finale de la PPE publiée fin janvier 2019 prévoit entre 60 000 et 100 000 installations d’autoconsommation en 2023. Pourtant, RTE envisageait 4 millions d’autoconsommateurs en 2035, Enedis entre 6 et 12 millions à la même date, et EDF EN 600 000 en 2025.

Si les pronostics sur le développement à venir semblent disparates, le phénomène de l’autoconsommation s’intègre maintenant dans le paysage des énergéticiens.