Le temps de crise que nous traversons réaffirme l’importance de la prise en compte des enjeux de la fonction Achats. En première ligne, elle n’aura d’autres choix que de poursuivre ses objectifs d’optimisation des coûts, d’amélioration de la performance et de rationalisation des processus en vue d’un recentrage des activités sur celles à plus fortes valeur ajoutée. Face aux mastodontes SI Achats traditionnels, de nouveaux acteurs souhaitant répondre à ces besoins apparaissent. Ainsi, le marché des solutions marketplace e-procurement connaît une forte expansion et figure parmi les grandes tendances Achats du moment, notamment sur le périmètre des achats indirects. Se revendiquant plus flexibles, plus personnalisables, capables d’offrir la même expérience utilisateurs que les marketplaces B2C elles se voudraient donc être la réponse idéale pour adresser les problématiques que rencontrent et que rencontreront demain les directions Achats.

Ces nouvelles solutions sont-elles réellement des alternatives ou des compléments aux SI achats traditionnels pertinents pour affronter les enjeux Achats de demain ?

Cas d’usage : de nombreuses déclinaisons possibles et une forte réplicabilité

Sans pour autant en avoir conscience nous connaissons tous de nombreux exemples de marketplace. Citons pour les plus connues Amazon, Métro, Alibaba en B2C ou Leboncoin en C2C… C’est pourtant un autre type de marketplace qui nous intéresse ici à savoir les marketplace B2B e-procurement. Les cas d’usage paraissent infinis et de nombreuses entreprises se saisissent de cette opportunité pour optimiser la gestion de leurs achats en procédant à la centralisation de leurs fournisseurs sur une seule et même plateforme.

C’est ainsi qu’un acteur majeur du secteur de l’automobile a fait appel à Origami pour implémenter sa marketplace e-procurement pour ses achats de pièces détachées en vue d’obtenir un prix plus attractif sur celles-ci. Cette solution fonctionnant en API (interface de programmation) gère et définit 2 ou 3 interfaces selon le type de marketplace choisie. Dans notre cas : une partie back-office gérée par les fournisseurs (sur laquelle ils vont mettre en ligne leur catalogue) et une partie back-office opérateur (celle du client qui gère la marketplace) prenant en charge le suivi de l’activité, la structuration du catalogue au travers d’un PIM (Gestion de l'information produit), la gestion des fournisseurs et des acheteurs, la prise en compte des enjeux de KYC (Know your customer) relatifs aux paiements, l’organisation d’une messagerie tripartite (opérateur, acheteurs, fournisseurs) ...

C’est aussi le cas de plusieurs grandes entreprises du secteur hôtelier ayant développé aux côtés d’éditeurs tels qu’Uppler ou Mirakl des marketplaces dans le cadre de la gestion de leurs achats de food & beverage et de fournitures diverses. Fonctionnant avec des interfaces similaires à celles décrites précédemment, les solutions intègrent des fonctionnalités proches de celles prises en charge par les SI achats traditionnels à savoir des modules de gestion des litiges, de demandes de devis, de RFP (possibilité de faire une demande pour un produit non référencé) … Ces plateformes ont eu pour vocation d’activer notamment le levier volume pour peser dans les négociations et permettre aux entreprises d’affirmer leur position de leader sur le marché.

Citons enfin l’exemple d’un grand acteur du secteur de l’énergie qui a lancé avec Izberg sa plateforme e-procurement pour la gestion de ses achats de classe C à l’échelle internationale. Cette solution lui a permis d’accroître son efficacité opérationnelle en simplifiant à la fois ses workflows (Izberg se connectant à tout l’écosystème applicatif/IT), son interface et son parcours utilisateurs et ce avec un time-to-market très court.

marketplace achats

Fonctionnalités : des solutions hautement personnalisables

De nombreuses entreprises ont pour point de commun de vouloir limiter leurs achats sauvages dans un contexte de complexité croissante (nombre de fournisseurs, servicisation, workflows de validation inadaptés…).

Le spectre des fonctionnalités proposées par ces solutions est donc très large, et même s’il varie d’un éditeur à un autre, il s’apparente à celui couvert par les SI achats traditionnels. Du RFQ (Request for quotation – Estimations des coûts) à la gestion de la facturation en passant par les workflows de validation, les demandes hors catalogues ou la gestion multi devises, ces solutions Saas tirent profit de leur fonctionnement en API (interface de programmation) qui les rendent extrêmement personnalisables. Un autre avantage majeur est la mise en place d’une interface front-office similaire à celles que nous connaissons en B2C, ce qui permet une gestion des fournisseurs intuitive et une navigation sur la plateforme optimisée, et cela en parallèle d’une interface back-office rendant possible un paramétrage intégral de l’offre (catégories, moyens de réquisition, attributs, etc…).

Les marketplace e-procurement ont donc l’avantage d’être des solutions légères offrant une interface commune hautement modulable pouvant s’adapter aux SI Achats de toutes les entités. Les différenciants entre les solutions sont pour autant relativement nombreux : différences liées au mode de pricing, à l’expérience grands comptes, aux fonctionnalités, aux possibilités de paramétrage… Concernant le pricing il est de manière générale basé sur une part fixe constituée du prix de la licence, des coûts d’hébergement, et d’une part variable très souvent fonction du volume de data échangé transitant sur la plateforme ainsi que du nombre de connecteurs à développer pour se connecter aux divers ERP de l’écosystème.

Roadmap achats : l’enjeu de la maturité des processus et de la priorisation des besoins

Les solutions marketplace e-procurement sont des solutions prometteuses car très innovantes et adaptatives dans leurs cas d’usage. Elles sont de plus très modulables en délivrant un spectre de fonctionnalités extrêmement large permettant de répondre aux besoins de nombreuses structures Achats désireuses de fluidifier leurs processus et de rationnaliser certains types d’achats. La mise en place de ce type de solutions constitue pour autant un réel challenge pour les entreprises. La première des raisons est liée au manque d’expérience pour un grand nombre des éditeurs présents sur le marché rendant complexe l’évaluation du business model lié à cette solution et le rendement que l’on pourrait en tirer. Les exemples de cas d’usage grands-comptes sont malheureusement assez rares pour l’instant ; une majorité d’éditeurs n’étant pas spécialisée dans ce type de marketplace et ne bénéficiant que de quelques années d’expérience dans l’e-procurement. Ce type de solutions a ainsi pour l’instant davantage vocation à prendre en charge les achats indirects non stratégiques, et potentiellement donc en complément d’un SI achats traditionnel.

Au-delà de l’effet de mode et de la pertinence du modèle marketplace se pose la question de la priorité sur la roadmap des projets Achats. Les projets d’implémentation de telles solutions sont avant tout des projets où la conduite du changement requiert une réelle implication de la fonction Achats et au préalable une maturité suffisante des processus. Une chose est sûre, une transformation digitale réussie ne doit pas être dictée par la technologie, mais bien par une refonte des organisations et des offres positionnant l’utilisateur et les usages au centre.

Une analyse précise et approfondie des besoins doit donc être menée en amont. Si l’objectif recherché se résume uniquement à une mise en place de catalogues, la solution de la marketplace n’est pas forcément la seule option viable. Récemment de nombreux acteurs majeurs de l’industrie ont en effet intégré exclusivement les briques catalogues des SI Achats historiques. Cela leur a permis de répondre sensiblement au même objectif : obtenir plus de visibilité sur leur panel fournisseurs, plus de contrats catalogués et in fine plus d’adhésion aux contrats cadres référencés par le groupe – au détriment peut-être d’une interactivité moindre avec les fournisseurs extérieurs et d’un parcours utilisateur moins attractif que celui proposé par les éditeurs marketplace pure-players.

La mise en place du projet et le choix de l’outil doivent donc être réfléchis et adaptés aux besoins et objectifs de la structure Achats. De la connaissance du marché que l’on peut avoir et de notre capacité à établir une roadmap réaliste dépendent la réussite de l’appropriation d’une telle solution.