Alors que le numérique opère depuis quelques années une véritable transformation dans chaque aspect de notre vie quotidienne et a d’importantes retombées dans tous les secteurs économiques, il est resté longtemps absent du secteur de l’immobilier. Le Building Information Modeling (BIM), qui se répand aujourd’hui de manière accélérée, fait entrer le bâtiment dans l’ère de la transformation numérique.

Le BIM : un levier d’innovation majeur dans l’immobilier

Le BIM est une méthode de travail collaborative qui vise à organiser et à structurer les informations relatives à un ouvrage, tout au long de son cycle de vie, et permet de les projeter sous forme de maquette 3D.

Les bénéfices de cette méthode sont nombreux, comme le relève l’étude du PTNB, sur les atouts et le développement du BIM :

  • En phase de conception, le BIM permet l’intégration du projet dans son environnement dès les phases d’esquisses. L’immersion 3D rendue possible par la maquette numérique améliore également la simulation (thermique, acoustique…) des bâtiments et la définition de l’ouvrage.
  • En construction, les chantiers sont mieux pilotés grâce à l’exploitation de la base de données, permettant ainsi des gains de temps et de coûts. Le BIM facilite par ailleurs la transmission d’information entre toutes les parties prenantes du projet. On assiste à l’émergence d’une véritable Supply Chain du chantier.
  • C’est toutefois en phase exploitation, qui dure entre 10 à 15 fois plus longtemps et qui représente 75% du coût global du bâtiment, que les gains liés aux usages du BIM sont les plus intéressants. Lors de cette phase, la mise en application du BIM permet notamment une optimisation de la recherche d’informations par une conservation des données techniques du patrimoine ainsi qu’un gain de temps dans l’intervention grâce à une meilleure localisation de l’équipement et de son descriptif. La connaissance plus fine des volumes sur le parc permet une optimisation des achats et une meilleure prévision et maitrise des budgets. De même, le BIM facilite, lors de cette phase, l’intégration de nouveaux services et usages numériques (IoT, VR, Mobilité…) et le développement de modèles de prévision des besoins de maintenance.

Le BIM représente donc un levier majeur d’optimisation des coûts, de respect des délais et d’amélioration de la qualité des ouvrages en conception et en construction. Plus largement, sa généralisation représente une réelle opportunité pour le maître d’ouvrage de constituer le socle du bâtiment intelligent de demain. La centralisation des données et l’amélioration de la connaissance du patrimoine au sein d’un système capable d’interagir et d’échanger avec l’ensemble des systèmes de gestion et d’exploitation devrait en effet permettre à terme d’optimiser les coûts d’exploitation, d’améliorer la performance énergétique et de mieux répondre aux besoins des occupants.

Depuis 2015, l’Etat encourage le développement du BIM au travers du PTNB et du Plan BIM 2022

Le BIM tarde néanmoins à se généraliser. Les leviers du déploiement de la méthode sont évidemment la normalisation des formats d’échanges (IFC) qui permet l’interopérabilité entre les différents applicatifs, tous métiers confondus, mais plus profondément le passage à l’échelle réside dans une infrastructure de plus en plus puissante (cloud) permettant la virtualisation de la donnée. Ces outils assurent une désintermédiation des flux de manière transversale au sein de chacune des phases du bâtiment mais aussi de façon plus large en remontant ou descendant la chaîne de valeur du bâtiment. Or, la grande diversité des acteurs, et le manque de maturité de certains acteurs expliquent en partie les difficultés de généralisation de ces approches.

A l’international, la généralisation du BIM est plus ou moins rapide selon la répartition des métiers et activités qui peuvent complexifier les processus. Aux Etats-Unis par exemple, où le BIM est né dans les années 1990, plus de 70% des acteurs de la construction font du BIM et cela depuis dix ans. En France, l’Etat joue depuis 2014 un rôle majeur pour insuffler une dynamique de transformation au sein du secteur. La feuille de route du Plan National de Transition Numérique du Bâtiment (PTNB) lancé en Janvier 2015 a permis une forte progression du nombre de projets BIM.

BIM

Le taux d’intégration du BIM et de la maquette numérique dans les concours d’architecture est ainsi passé de 0,49% en 2014 à 8,10% en 2018. Signé en novembre 2018, le Plan BIM 2022 qui prend le relais du PTNB a pour objectif de renforcer cette dynamique en généralisant la commande en BIM dans l’ensemble du secteur du bâtiment et en déployant le BIM dans les territoires via le développement d’un écosystème innovant d’outils numériques accessibles.

Les facteurs clés de succès pour réussir son passage à une logique BIM

Dans cette perspective, passer dans une logique BIM n’est pas uniquement un projet technique, mais bien un projet stratégique qui doit s’accompagner au sein de l’entreprise d’une réflexion sur :

  1. Les processus métier et les méthodes de travail
  2. L’interaction avec les partenaires / prestataires habituels
  3. L’organisation et les compétences internes
  4. Les outils informatiques pour permettre l’intéropérabilité des données
  5. La méthodologie pour permettre la transition d’une gestion traditionnelle vers une gestion BIM

Afin de faire du BIM un véritable outil d’innovation tant pour les industriels que pour les utilisateurs et d’opérer une transition réussie vers une logique BIM, plusieurs facteurs clés de succès peuvent être soulignés :