Radar des startups Smart Building en Suisse : édition 2023

Le sujet Smart Building résonne désormais comme une thématique phare dans la transformation durable des institutions et des entreprises. Pour mieux comprendre ce thème et les enjeux qui en découlent, Wavestone analyse, depuis 2019, les grandes thématiques adressées par le secteur Smart Building au travers de ses différents radars. Cette année, Wavestone vous propose un focus sur le marché Suisse et ses caractéristiques locales. Vous découvrirez des startups suisses innovantes et tournées vers l’international, proposant des outils à la pointe de la technologie pour répondre à une problématique majeure : les économies d’espaces et de ressources, dans un contexte économique tendu.

Alors que les prix de l’énergie continuent d’augmenter partout en Europe, les technologies qui améliorent la façon dont nous produisons, stockons et consommons l’énergie joueront un rôle de plus en plus important dans l’efficacité énergétique en 2023.

Le secteur du smart building, étant capable d’optimiser la consommation d’énergie, de réduire les déchets et d’améliorer l’efficacité globale grâce à des solutions intelligentes de bout en bout aura d’autant plus un rôle à jouer. Si l’on ajoute à cela la situation économique instable actuelle, l’industrie du bâtiment intelligent est en passe de devenir une source d’investissement intelligente pour les multinationales et les propriétaires immobiliers.

C’est donc sans surprise que certaines études révèlent que 43% des entreprises prévoient d’augmenter les dépenses dans l’exploitation des données. En effet elles veulent s’équiper d’outils pour connaitre leur performance et la mesurer avec plus de précision afin de prendre des décisions éclairées (source JLL).

Mais surtout, il est pointé que 90% des entreprises dans le monde envisagent de réduire leur consommation d’énergie d’ici à 2025, conséquence logique de ce contexte et du fait que la filière du bâtiment est responsable de 40% des Emissions de Gaz à effet de serre. (source JLL).

Les prédictions de Forbes suggèrent que la tendance à l’amélioration de l’efficacité énergétique par la technologie ne fera que se poursuivre, renforçant encore la position des startups de bâtiments intelligents, et en particulier des dispositifs IoT rapides à déployer, comme une solution efficace et rentable pour la consommation d’énergie en 2023 et au-delà.

Principaux enseignements

  • Le radar Smart Building adresse trois grandes thématiques en 2023 : la rationalisation de l’utilisation des espaces et des ressources, l’expérience utilisateur différenciante ainsi que la gestion des bâtiments.
  • Le marché suisse est composé de startups indépendantes et tournées vers l’international.
  • Les startups suisses se distinguent par une forte présence de solutions IoT clef-en-main.

Chiffres clés

28

startups suisses

2e

L'immobilier est le 2ième poste de dépense d'une entreprise après la masse salariale

2016

date moyenne de création

21

employés en moyenne

Tendance #1 : rationalisation des espaces et des ressources

L’une des principales problématiques auxquelles les entreprises du secteur du Smart Building répondent est la rationalisation de l’utilisation des ressources et des espaces.
Ces deux thématiques étant les sujets phares de Direction Immobilière, il n’est pas surprenant que les startups Smart Building les adressent massivement.

L’optimisation des espaces : solution économique au service des collaborateurs

L’immobilier est le deuxième poste de dépense d’une entreprise après la masse salariale. Ainsi, les décideurs sont constamment à la recherche de solutions pouvant permettre d’optimiser le nombre de mètres carrés pris à bail sans pour autant compromettre le confort de ses usagers.

Des startups se sont créées, comme Locatee pour ne citer qu’eux, autour de ces sujets afin de donner accès aux données d’occupation et d’usage du bâtiment aux décideurs immobiliers. Cela leur permet de prendre des décisions éclairées sur leur parc actuel et leurs projets immobiliers futurs.

Des ressources limitées : une rationalisation indispensable en 2023

Concernant le sujet de la rationalisation des ressources, le contexte environnemental dans lequel nous sommes, couplé récemment à la croissance du prix de l’énergie, pousse les entreprises à s’équiper de solutions de contrôle de la consommation. Pour une entreprise de taille moyenne par exemple, Berne estime l’augmentation de la facture d’énergie à 24% pour la seule année 2023.

Le secteur du Smart Building adresse largement cette thématique en permettant notamment une optimisation de la consommation d’eau (offre de l’entreprise Droopl de notre radar), d’électricité et de chauffage (offre de l’entreprise E-nno de notre radar) en s’appuyant sur une analyse de l’utilisation des espaces et des prévisions météorologiques.

Tendance #2 : l’expérience utilisateur différenciante

Le lieu de travail a pris une place prépondérante ces dernières années dans l’attractivité et la rétention des talents. En effet, beaucoup de projets immobiliers ont pu être réalisés ces dernières années avec ce paramètre en tête.

C’est ainsi que l’on a pu voir des projets de relocalisation à l’intérieur de villes afin d’être au plus proche des lieux de services pour ses collaborateurs, des projets de campus à l’image du géant Google offrant un panel de services digne d’un village vacances ainsi que des projets d’espace de coworking ayant un service plus proche de l’hôtellerie que du simple bureau.

En sus des projets immobiliers, le secteur du Smart Building peut apporter sa pierre à l’édifice sur l’amélioration de l’expérience utilisateur au sein des bâtiments. Des applications permettent par exemple d’aider le collaborateur à organiser sa journée de travail, d’avoir accès à l’ensemble du panel de services du bâtiment ou bien de permettre à tous les utilisateurs de s’orienter dans de grands campus (PocketCampus). D’autres vont permettre de piloter l’ensemble du bâtiment (accès invités, ouverture des portes, salles de réunions) via une simple application mobile. (Performance Buildings AG).

Tendance #3 : le Smart Building, un appui clé dans la gestion du bâtiment

Le Facility Management, un sujet central

Le secteur du Smart Building apporte également une réponse aux problématiques du Facility management en les outillant dans la gestion du bâtiment.

Il peut s’agir autant d’outils permettant de signaler les pannes et casses, que d’outils équipés de Machine Learning permettant de faire de la maintenance prévisionnelle ou prédictive en anticipant les défaillances à venir sur les équipements.

Le Facility management est aussi extrêmement lié aux données collectées de l’usage du bâtiment. En fonction des pics d’affluence, le Facility manager peut adapter le niveau de service nécessaire à l’entretien ou au nettoyage de son bâtiment (Droople, Technis). Complété par des services comme ImmoTrack, il lui sera possible d’optimiser automatiquement les trajets de ses équipes et ce même au travers d’un large parc.

L’intégration d’outils de gestion du Bâtiment : indispensable ?

Le premier but de ces solutions IoT étant de mieux piloter le bâtiment, une intégration avec l’outil GTB (Gestion Technique du Bâtiment) se montrera vite nécessaire. Si certains capteurs disposent d’APIs (Application Programming Interface) modernes rendant l’intégration possible, leur nombre et la diversité des interfaces proposées rendent en pratique l’utilisation d’un BOS (Building Operation System) quasi indispensable.

D’autres marchés ont su répondre à ce besoin soit par le développement massif d’APIs unifiées (les BOS) capables de communiquer avec de nombreux logiciels et devices différents, soit en fournissant une grande diversité de devices IoT via une même entreprise, afin de couvrir un maximum de besoins tout en proposant une interface unifiée.

Le marché Suisse reste quant à lui relativement pauvre en solutions software et la plupart des startups présentées (à l’exception notable de Technis) ne fournissent des capteurs que pour un besoin spécifique, bien que ces derniers soient souvent plus « intelligents » que ce que propose la concurrence.

Le radar Suisse, un écosystème complexe

Le marché Suisse à la pointe des technologies IoT, mais encore fragmentées

Le marché Suisse se distingue par une forte présence de solutions IoT clef-en-main : un hardware dédié côtoie des algorithmes de Machine Learning, souvent issus de plusieurs années de recherche universitaire. En général, l’utilisateur pourra analyser les informations collectées et interagir avec les outils qui le permettent grâce à une plateforme SaaS dédiée. Si ce procédé rend l’installation et la prise en main rapide et intuitive, il présente un défaut majeur : l’intégration. Dans le cas d’usage d’un grand bâtiment qui intégrerait de multiples capteurs (consommation de l’eau, qualité de l’air, etc.), le Facility Manager se retrouvera avec de nombreuses plateformes disparates, une information peu centralisée et une communication entre solutions quasi-inexistante.

Des startups indépendantes s’appuyant sur le secteur de la recherche

Dans les marchés de grande taille, de nombreuses startups émergent comme spin-offs de grands groupes privés de construction ou de gestion de bâtiments, ayant un intérêt particulier sur leur périmètre d’activité. La situation Suisse est différente : la majorité des startups observées s’appuient sur la recherche universitaire, où nos deux écoles polytechniques jouent un rôle crucial (EPFL & ETHZ).

L’innovation par la recherche publique puis la création d’une startup est une voie privilégiée de transfert de technologies et est largement soutenue par des organismes à la fois publics et privés comme Innosuisse, VentureKick ou SwissPropTech.

Des startups ayant une rapide expansion à l’international

La Suisse est par nature un marché restreint et fragmenté, avec 4 langues nationales et 8 millions d’habitants. Grâce à sa filière universitaire performante et à la présence massive d’investissements dans les startups (316$/habitant, contre 178$/habitant pour la France), La Suisse est un excellent incubateur pour les solutions novatrices mais pousse très vite ses entreprises à s’étendre à l’international.

Les startups du radar Suisse, bien qu’elles aient des clients nationaux et qu’elles aient fait leurs débuts en terre helvétique, vont rapidement essayer de conquérir des marchés internationaux – bien avant d’être sorties de l’incubateur ou d’avoir stabilisé leur position sur leur marché national. En raison de la proximité géographique et culturelle, cette expansion se fait souvent vers la France ou l’Allemagne, dans une première phase. Les plus avancées se dirigeront ensuite vers le marché américain, étant donné son grand volume, appuyées par des organismes publics comme SwissNex qui y fournissent réseau et opportunités.

Conclusion

Grâce aux opportunités d’économies d’espaces et de ressources dans un contexte économique tendu, le marché du Smart Building présente une rapide croissance annuelle. Les startups Suisses présentées dans ce radar y joueront un rôle important, en étant capables de rapidement transformer les résultats de longues recherches universitaires en produits finis clef-en-main, prêts à optimiser nos bâtiments à une échelle internationale. Pour être pleinement efficaces, ces solutions devront être capables de communiquer non seulement entre elles, mais aussi avec les infrastructures préexistantes du bâtiment : ainsi, tout projet à large échelle nécessite une réflexion stratégique préalable sur la création de cet écosystème.

Méthodologie

Le radar Wavestone des startups Smart Building en Suisse identifie les acteurs émergents de l’écosystème helvétique en matière d’innovation Smart Building.

Les startups ont été sélectionnées en fonction de nos critères d'éligibilité :
  • Siège social en Suisse
  • Moins de 100 employés
  • Moins de 10 ans d'activité (fondation ultérieure à 2012)
  • Offre de produit Smart Building (logiciel ou matériel)
Nous avons identifié et évalué les startups du radar Wavestone selon la procédure suivante :
  • Consolidation de renseignements auprès d'incubateurs/accélérateurs et d'associations Prop Tech
  • Évaluation au regard des critères cités
  • Entretiens qualitatifs avec les startups