Voilà maintenant plus de 35 ans que le premier prototype de voiture autonome voyait le jour sur les routes de Pennsylvanie. À cette époque, une telle innovation semblait tout droit sortie d’un film de science-fiction et la question de son industrialisation appartenait au domaine de l’utopie.

À entendre les récentes déclarations d’Elon Musk, la Tesla autonome serait promise pour l’année prochaine mais cette annonce fait office d’exception dans un contexte général devenu plus frileux, en particulier du côté des constructeurs automobiles historiques.

L’euphorie de ces dernières années semble passée, le premier accident mortel de 2018 impliquant une Volvo autonome opérée par Uber a jeté un doute sur le réel aboutissement à court terme des technologies impliquées. Après des avancées spectaculaires, la mise au point de la technologie pour substituer totalement la machine à l’homme s’avère en effet plus complexe que prévu.

À cela s’ajoute également des interrogations fortes sur la viabilité du modèle économique, le coût d’un véhicule autonome personnel étant très élevé par rapport à la valeur perçue par le consommateur moyen. Ainsi Carlos Tavares a déclaré au mois de mai 2019 que le groupe PSA « abandonnait purement et simplement les développements relatifs au véhicule autonome au-delà du niveau 3, pour les véhicules particuliers ».  Cependant, les grands acteurs n’ont pas pour autant abandonné l’idée d’investir sur plusieurs tableaux, comme le démontrent leurs stratégies de coopétition qui tirent actuellement le marché et conduisent à de nombreux partenariats.

En cette fin d’année 2019, où en est donc réellement l’industrie automobile autonome face aux grands défis qu’elle doit relever, à savoir la maîtrise de la technologie, la définition des stratégies économiques et l’exploitation d’accélérateurs d’adoption, qui assureront sa pérennité ?

Véhicule autonome, des cas d'usages moins matures que prévu

Une qualification de l’autonomie par paliers 

Sur nos routes circulent d’ores et déjà des véhicules de niveau 3, avec des technologies embarquées intelligentes qui soutiennent les conducteurs dans la conduite et sont capables dans des conditions très précises et circonscrites de prendre le contrôle complet du véhicule.

Mais c’est bien le passage vers le niveau 4 qui donne du fil à retordre aux constructeurs, car c’est le seuil à partir duquel une voiture peut rouler sur des itinéraires prédéfinis et réagir à n’importe quel évènement survenu sur son parcours, et cela sans intervention d’un conducteur.

Bien que les entreprises n’aient pas le même niveau de maturité sur la maîtrise de la technologie, en l’état aucune d’entre-elles ne peut se targuer de renoncer à la possible reprise en main du véhicule par un humain en cas d’incidents.

Des cas d'usage soumis à des contraintes très différentes

L’utilisation générique du terme autonome masque en réalité une diversité de cas d’usages soumis à des contraintes très différentes, essentiellement liées à des problématiques de vitesse sur route et de variété de situations rencontrées.

La diversité de cadres de conduite que pourront gérer les véhicules autonomes représente le critère le plus discriminant : plus le trajet est circonscrit, plus le nombre de variables à prendre en compte sera faible, rendant de fait, le développement de la technologie plus simple et l’apprentissage des machines plus rapide.

Le véhicule autonome personel : une innovation progressive de l'ADAS vers l'autonomie

Dans le cadre d’une utilisation en tant que véhicule personnel, la voiture autonome aura vocation à une autonomie plus progressive, mais pouvant évoluer dans des situations très variées. On peut ici parler d’innovation incrémentale, à savoir que l’autonomisation de la voiture se fera progressivement, par de petites évolutions successives suivant le modèle de l’ADAS – Advanced Driver Assist System.

À court et moyen terme, les constructeurs souhaitent élargir leurs offres de niveau 3 en proposant des modules facilitant la conduite et améliorant la vigilance du conducteur.

Robot-taxi, une stratégie gagnante de la mobilité autonome

Une galaxie de stratégies dominée par la coopétition

Des accélérateurs d'adoption nécessaires pour conforter le véhicule autonome dans la vie courante

Afin d’augmenter la valeur hédonique de leurs offres, les constructeurs doivent intégrer une dimension polysensorielle en mobilisant plusieurs sens simultanément, et penser l’expérience pour être divertissante en passant par exemple par des processus de gamification. Dans les projets en développement, nous pouvons notamment citer Symbioz issu d’une collaboration entre Renault et Ubisoft, qui invite l’utilisateur à l’évasion en l’immergeant progressivement dans un monde futuriste au travers un casque de réalité virtuelle, qui intègre en temps réel les mouvements du véhicule et ses variations de vitesse.

Véhicule autonome : vers une influence mutuelle entre l'humain et la technologie

L’apparition des véhicules autonomes repose principalement sur la capacité des IA à apprendre des situations qu’elles rencontrent. Le partage de connaissances entre les véhicules autonomes constitue un potentiel d’amélioration qui peut, en fonction du nombre de véhicules autonomes en circulation, tendre à générer une masse de données exploitables suivant une courbe exponentielle.

L’utilisateur peut également représenter une source d’information considérable en mettant en place un processus assimilable à une stratégie de co-création, où l’utilisateur final participe activement, tout au long de la vie du produit, à l’amélioration, voire au développement, de l’IA qui pilote le véhicule.

L’un des paradigmes clé est sans doute le suivant : l’avènement de la mobilité autonome repose tout autant sur l’adaptation de la machine à l’humain, que de l’humain à la machine.

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