Insight

Les nouveaux enjeux de la grande distribution

Publié le 17 mars 2024

  • Distribution, Luxe & Beauté

L’exercice délicat de la grande distribution

Le 28 février 2024, Le Club Les Echos Débats Prospective, en partenariat avec Wavestone et l’IESEG School of Management recevait, Dominique Schelcher, PDG de Système U pour échanger autour du thème : « Les nouveaux enjeux de la grande distribution ».

Les défis de la grande distribution

Xavier Baudouin, associé Retail & Consumer Goods chez Wavestone, a introduit le débat en dressant le portrait de la grande distribution, aujourd’hui confrontée à un exercice délicat. Il faut :

  • Survivre dans un marché saturé et très compétitif, où les perspectives de croissance s’appuient surtout dans des stratégies de croissance externe (rachat des magasins de Casino).
  • Adapter son offre et son modèle à une société qui a évoluée (aujourd’hui, seuls 11% des foyers en France comptent plus de 4 personnes, donc le caddie a fortement évolué).
  • Composer avec une forte inflation depuis 2 ans qui oblige les consommateurs à modifier leurs habitudes d’achats (32% déclarent qu’ils font diminuer leurs dépenses d’alimentation) et qui fait exploser les factures d’énergie.
  • Répondre aux injonctions contradictoires « Nourrir la France, au meilleur prix, en limitant l’impact environnemental ».

 

Nouveaux modes de consommation

Demain, le visage de la grande distribution va se modifier pour répondre aux nouveaux modes de consommation et aux enjeux du XXIe siècle :

  • Encore plus d’hybridation online/offline du commerce : le consommateur est devenu hybride dans ses comportements d’achat, et cela semble se traduire en perspectives de croissance pour les distributeurs (en 2024, le e-commerce représenté 15,4% du CA de Walmart en passant le cap significatif des 100 mds de $).
  • Plus de responsabilité (protection de l’environnement, mais aussi bien-être animal ou droits de l’homme) souhaitée par les consommateurs : 69% d’entre eux souhaitent consommer de façon plus responsable dans l’alimentaire… mais 57% déclarent ne pas être prêt à payer plus.

 

L’IA comme accélérateur ?

C’est ce que pensent 63% des dirigeants, qui identifient l’IA comme la technologie la plus prometteuse pour l’avenir de leurs activités.

  • De nombreux cas déjà mis place pour la grande distribution : Carrefour génère votre liste de course en intégrant vos contraintes (prix, allergie) et Walmart utilise un chatbot pour faciliter les négociations avec ses fournisseurs.
  • Mais être plus responsable grâce à l’IA, est-ce possible ? Extrêmement énergivore, l’IA se veut pourtant green et éthique (optimisation de l’énergie, mesure de l’empreinte carbone, exploitation éthique des données).

Fin du mois ou fin du monde, humain ou digital, grandes surfaces ou petites surfaces, marques distributeurs ou marques nationales… l’enjeu de la « bonne » distribution n’est peut-être pas de donner une réponse ferme, mais de placer le curseur au bon endroit.

Système U et la grande distribution  

Interrogé par Dominique Seux, Dominique Schelcher a partagé sa vision sur les différentes thématiques suivantes.

  • Le contrat tripartite : véritable levier pour assurer la juste rémunération des agriculteurs. Système U affiche un soutien fort au monde agricole, qui se matérialise via son recours aux contrats tripartites. Pratiqués depuis plus de 30 ans chez Système U, ils permettent au producteur, à l’industriel et au distributeur de s’aligner sur le prix juste.
  • La polémique des centrales d’achat : le Groupe s’appuie sur sa centrale d’achat européenne, partagée avec l’allemand EDEKA, pour négocier face à une 40aine de multinationales.
    • Un procédé jugé non recevable par le gouvernement français : mises en cause par Bruno Le maire, elles seraient un moyen de contourner EGalim.
    • Mais dans le respect de la loi, et surtout nécessaire et éthique pour peser dans les négociations face à des multinationales : Système U représente 12% du marché français, un grain de sable dans le chiffre d’affaires de Coca, Mars… Pour autant, tous les contrats avec les industriels hors multinationales et les petits producteurs sont gérés en France, au siège de Rungis.

Auteurs

  • Xavier Baudouin

    Partner – France, Paris

    Wavestone

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  • Emma Lamothe

    Senior Consultant – France, Paris

    Wavestone

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