Tribune publiée sur le site Les Echos le 15 juin 2022

Vous n’avez probablement pas échappé à la vague du métavers, popularisée par Meta? qui promet d’être la prochaine itération d’Internet, passant par le développement de mondes virtuels dans lesquels nous interagirons, à titre personnel ou professionnel.

Encore en construction, et potentiellement révolutionnaire – pour nos usages, nos interactions, nos modes de consommation -, cette (r)évolution technologique promet d’avoir des répercussions indiscutables sur le monde du travail.

La transition vers le Web 2.0 (qui a vu l’essor des réseaux sociaux) ne nous laissait pas imaginer qu’un jour, les métiers d’expert en SEO ou de community manager seraient nécessaires au succès d’un grand nombre d’entreprises, il semble tout aussi difficile d’entrevoir quels seront les métiers de demain.

Nouvelles opportunités d'emplois

Les géants de la tech – Microsoft, Meta, Amazon – recrutent massivement en vue de la construction d’infrastructures liées au métavers, et d’autres entreprises aux marques grand public, comme Disney, Nike ou Gucci, proposent déjà des rôles consacrés au développement de contenus ou de produits à retrouver dans les mondes virtuels.

des métiers de 2030 n’existent pas encore, selon Institute for the Future

Toutes ces organisations en sont convaincues : les avancées technologiques permises, notamment par la réalité virtuelle ou l’intelligence artificielle (IA), feront émerger de nouvelles opportunités d’emplois. Mais si certains métiers existent déjà, de nombreux autres vont émerger : dès 2017, l’Institute for the Future (IFTF) prévoyait que 85 % des métiers de 2030 n’existaient pas encore !

Des plus techniques aux plus ludiques, tous les secteurs d’activité lorgnent des
opportunités dans le métavers . Pour bien comprendre ce phénomène, il faut distinguer les métiers qui n’y sont pas immergés de ceux qui le sont.

Travailleurs immergés dans le métavers

Les premiers comprennent tous les métiers nécessaires à la création, au développement et à la bonne utilisation des plateformes ou des expériences virtuelles. Ce sont globalement des métiers créatifs : des développeurs, architectes ou urbanistes, designers, stylistes… Ainsi que d’autres, ceux d’agents immobiliers et financiers, d’avocats ou de notaires pour développer les transactions virtuelles sur l’une des blockchains sous-jacentes, sans oublier, en amont, les métiers dédiés à la fabrication des équipements – casques de  réalité virtuelle, vêtements haptiques, etc. – et nécessaires à l’accès à ces nouveaux mondes.

Les occasions les plus difficiles à cerner se nichent certainement du côté des travailleurs qui seront immergés dans le métavers. Par exemple, les guides touristiques qui nous accompagneront dans notre découverte d’expositions virtuelles, d’enseignants dont le métier va de plus en plus se numériser sous l’effet de la démocratisation de l’edtech, de vendeurs qui nous accueilleront au sein des boutiques virtuelles de nos marques préférées… Qui sait, peut-être aussi trouvera-t-on, dans le métavers, des jardiniers, policiers, maires ou clients témoins ?

Vision « skeuomorphique »

L’ambition étant de faire émerger de nouveaux mondes, avec leur économie propre, tout ce qui existe dans le monde réel (avec combien de métiers surprenants !) pourrait bien trouver un équivalent dans le monde virtuel, sur la base d’une vision conservatrice (« skeuomorphique », autrement dit inspirée du monde réel, diraient les experts).

Bien sûr, les expériences actuelles, dans le métavers, ressemblent encore aux pages Web des années 1990. Mais si les entreprises ont mis vingt-cinq ans pour s’adapter et engager leur transformation numérique, beaucoup sont désormais échaudées et prêtes à recruter, à former leurs collaborateurs, et à investir pour disposer, le moment venu, les ressources nécessaires à exploiter cette opportunité.

Et vous ?