« Les entreprises placent désormais le climat et plus largement le développement durable au coeur de leur stratégie »

En quelques mois, l’impératif environnemental s’est hissé en tête du programme stratégique de toutes les grandes entreprises, avec une prise de conscience sans précédent de l’urgence climatique. Jean-Baptiste Blondel, Senior Manager de la practice Sustainability, partage sa vision.

Le changement climatique, en haut de l’agenda médiatique, politique, économique et sociétal

L’actualité des derniers mois a été marquée par de multiples catastrophes climatiques : vague de chaleur inédite en Inde et Pakistan à plus de 50°C , dômes de chaleur au Canada, pluies diluviennes en Allemagne et en Belgique, mégafeux en Sibérie … La prise de conscience de l’urgence climatique s’est imposée, renforcée par « l’alerte rouge pour l’humanité » du dernier rapport du GIEC*. Face à cela, les Etats réhaussent significativement l’ambition de leurs politiques climat : paquet législatif « fit for 55 » en Europe, plan d’investissement massif dans les infrastructures aux Etats-Unis par exemple. Loin d’être en reste, les consommateurs expriment des attentes de plus en plus fortes pour des produits et services durables. Enfin, les étudiants questionnent désormais leurs choix de carrière à l’aune de la responsabilité sociale des entreprises.

*Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat

Le développement durable au cœur des stratégies des grandes entreprises

Face aux contraintes règlementaires et aux attentes croissantes des consommateurs et de leurs collaborateurs, les entreprises placent désormais le climat et plus largement le développement durable au cœur de leur stratégie. Historiquement traité au sein des Directions RSE dans une approche essentiellement de maitrise des risques, le développement durable s’affirme comme une source d’opportunités et d’atouts compétitifs pour réussir sur les marchés.

Une transformation qui touche tous les secteurs économiques

Aux sources du problème climatique, les grandes majors de l’énergie remodèlent leur portefeuille d’activité pour investir massivement dans les énergies renouvelables et les services énergétiques. Lancés à marche forcée vers les véhicules électriques, les constructeurs automobiles transforment leurs lignes de production et développent des services de mobilité partagée. Disposant d’un effet de levier crucial, banques et assurances évaluent la durabilité de leur portefeuille d’actifs, réorientent leurs politiques d’investissement et accompagnent leurs clients dans la transition. L’industrie lourde étudie l’électrification des procédés et mise sur l’hydrogène, tandis que les distributeurs mobilisent leurs filières d’approvisionnement et développent l’économie circulaire et les marchés de seconde main.

Une transformation profonde sur tous les plans

La transformation qui s’engage est d’une ampleur sans précédent et représente un défi colossal pour les entreprises. Elle touche à leurs portefeuilles d’activités, aux modèles d’affaires, aux produits et services, aux unités de production, aux chaînes d’approvisionnement… sans oublier l’indispensable transformation culturelle et managériale, particulièrement complexe à conduire dans les grandes entreprises ! Nul doute que la réussite des entreprises dans la décennie à venir reposera particulièrement sur leur agilité et leur capacité à intégrer la responsabilité au cœur de leur business model pour en faire un puissant levier de différentiation et de performance. Cette focalisation leur permettra notamment de nourrir l’expérience client et l’attachement à la marque, de favoriser le recrutement et la fidélisation des collaborateurs, de renforcer la capacité d’innovation et de développement, et bien d’autres bénéfices.