Wavestone a lancé une initiative sur la Banque et l’Assurance du futur, dont l’objectif est d’animer un programme de recherche avec ses équipes, clients et partenaires pour imaginer l’avenir du secteur financier. Le parti pris de départ : s’autoriser un nouveau regard, au-delà des frontières habituellement explorées au sein de l’entreprise.

À la recherche d’un nouveau rôle pour la Banque et l’Assurance

Les transformations que vivent de façon accélérée les banques et les assurances aujourd’hui semblent avoir de multiples causes : abondance de liquidités sur le marché suite aux politiques de création de monnaie des banques centrales post 2008, incertitude sur le potentiel de croissance de l’économie mondiale dans une planète aux ressources limitées et aux conditions de vie qui se dégradent, disparition des « barrières à l’entrée » du secteur financier, notamment à cause des nouvelles technologies, pression de la réglementation issue d’une société qui veut se protéger des dérives et bulles spéculatives, automatisation, à marche forcée, des processus, réduction des effectifs pour préserver les marges, etc. Mais ces raisons masquent cependant l’affaiblissement du lien particulier qui a uni les banques et les assurances à la société dans laquelle elles évoluent. Ce lien qui les unissait intimement à un territoire et à une communauté s’est érodé : l’activité financière est mondialisée, l’argent collecté ici pourra servir à un projet à l’autre bout du monde, l’offre s’adresse d’abord et avant tout à des individus, l’intérêt général s’étant dissous. C’est la recherche d’une relation personnalisée, la quête d’une « segment of one », c’est-à-dire une banque unique, qui s’adresse de manière spécifique à un client particulier.

La raison d'être

71%

des sondés estiment que les banques auront un nouveau rôle à jouer dans la société dans les 10 ans à venir, au-delà des évolutions technologiques.

Évoquer la raison d’être d’une banque comme étant au service de la société n’est ni un idéal ni une nouveauté. Les structures bancaires et assurantielles ont déjà prouvé leur capacité à contribuer pour la société et à porter son développement par le passé.

Au-delà de la satisfaction d’intérêts personnels, les clients veulent voir des challenges d’ordre social et environnemental à plus grande échelle abordés par les banques et les assurances : le climat, la biodiversité, la santé, les conditions de vie, les flux migratoires. Le statut et la taille des structures des institutions financières leur donnent une capacité d’influer. Tout en continuant à développer ses capacités technologiques et organisationnelles, le secteur financier doit réinventer sa promesse à la société. Place à une banque « for Good » ?

Françoise Mercadal-Delasalles

Françoise Mercadal-Delasalles

Directrice Générale du Crédit du Nord et membre du Comité de Direction du Groupe Société Générale

La banque, comme toutes autres organisations capitalistes, trouveront leur survie si elles sont utiles. Les jeunes générations expriment davantage ce besoin de sens et finalement juste de se sentir utiles .

Les orientations stratégiques

83%

des clients pensent que les banques fourniront des services au-delà des services financiers.

La remise en cause de la raison d’être des banques et assurances s’accompagne inévitablement de changements d’orientations stratégiques. La territorialité, l’accompagnement client et le partage de valeurs sociales ont vocation à être mis en avant dans ces nouvelles orientations.

De ces nouvelles orientations induites par les changements de notre monde doivent découler un modèle bancaire dont la stratégie s’axe « au service » de son écosystème plutôt que de se reposer dessus. Les préoccupations et aspirations de la société deviendront les nouveaux indicateurs extra-financiers pour le pilotage de la performance de la banque et de l’assurance du futur.

Laurent Mignon

Laurent Mignon

Président du directoire du Groupe BPCE et Président du conseil d’administration de Natixis

Il y a 20 ans, les sujets de société étaient perçus comme des sujets principalement étatiques ; aujourd’hui, ceux-ci sont perçus comme étant l’affaire de tous, y compris des entreprises.

Les stratégies technologiques

73%

des Européens considèrent que leurs banques devraient être à la pointe des nouvelles technologies.

Le secteur financier a entrepris une course aux innovations technologiques afin d’améliorer sa proposition de valeur, et ainsi être en phase avec des comportements et attentes du client qui évoluent. La technologie doit accompagner la transformation du modèle bancaire afin de proposer des activités dégageant une réelle valeur ajoutée pour toutes les parties prenantes et non seulement une rétention du client.

Parmi les technologies qui se sont assurées une place dans le paysage financier, on compte l’intelligence artificielle (IA), devenue une technologie
fondamentale apportant un accompagnement digital personnalisé et intelligent, ainsi qu’une meilleure compréhension des attentes du client. L’émergence de la Fintech, conjuguée avec les progrès de cette technologie, offrent aux banques une occasion exceptionnelle de se réinventer dans
un contexte de compétition accrue entre banques traditionnelles, banques en ligne et néo-banques.

Toutefois, le secteur financier ne se limite pas uniquement aux innovations technologiques présentées plus haut puisqu’il fait également usage de la
Réalité Augmentée, de la Blockchain ainsi que des solutions de sécurité qui répondent aux dernières réglementations relatives à la sécurité financière et la sécurité des données.

Vincent Bastid

Vincent Bastid

CEO de l’EFMA

La promesse de l’IA ne sera tenue que si les banques engagent des transformations profondes autour des données. Les banques devront acquérir de nouvelles compétences, comme des data scientists, et insuffler la culture des données dans les directions métiers, l’IT et le management. L’attrait et la rétention des talents seront essentiels. L’agilité offerte par la fintech, les fournisseurs de cloud et une nouvelle organisation est la voie à suivre.

La relation client

60%

des français déclarent que l ’engagement dans des actions utiles à la société joue un rôle important dans leur choix de rester client de leur banque.

L’émergence de nouvelles aspirations sociétales (durabilité, sociabilité, partage) et l’avènement des nouvelles technologies ont modifié les relations entre les banques, les assurances et les clients. Si l’efficience des services à la personne est incontournable, l’enjeu pour les banques et les assurances est d’arriver à créer une relation client qui s’inscrit aussi dans une amélioration des conditions de vie de l’ensemble de la communauté dans son territoire.

L’objectif pour ces organisations est de devenir ce qu’on appelle « the segment of one », c’est-à-dire une banque unique, qui s’adresse de manière spécifique à un client particulier. L’heure est bien à la personnalisation et à l’accompagnement client de bout-en-bout. Cette personnalisation accrue des services proposés pourra ainsi permettre d’offrir des conseils personnalisés, par exemple en gestion de patrimoine ou en placements financiers.

Léonor Lopes-Gil

Léonor Lopes-Gil

Directrice des Programmes & Marketing stratégiques, BPCE

Les nouvelles technologies viennent aider nos conseillers à être plus performants, mais rien ne remplace le lien social.

Les modèles d'organisation

84%

des banques ont conscience qu’elles vont devoir changer leur modèle d’organisation pour répondre aux nouvelles attentes sociétales.

À travers les évolutions de la société, c’est la manière dont les clients consomment les services bancaires qui évolue. Les banques et assurances doivent adapter leur modèle d’organisation pour répondre aux aspirations nouvelles des consommateurs, et remettre le client au centre de leur modèle.

Le passage à une organisation agile, à l’échelle de toute l’entreprise, devient une nouvelle cible de modèles organisationnels pour les institutions financières. Ce modèle permet d’une part de mettre l’expérience client au coeur de l’organisation, en pouvant adapter régulièrement les offres et services et ainsi répondre aux nouvelles attentes des consommateurs, et d’autre part de transformer l’expérience collaborateur, en donnant la responsabilité d’un projet de bout-en-bout à une équipe. Il s’agit également pour les structures bancaires de trouver l’équilibre entre l’utilisation des nouvelles technologies et l’importance de l’humain dans les relations.

Delphine Asseraf

Delphine Asseraf

Head of Digital Marketing and Distribution, Allianz

Il est important de définir une organisation au service d’un besoin client et non d’un produit.

Les relais de croissance

71%

des français (18 - 24 ans) déclarent que l’engagement de leur banque dans des actions utiles à la société est un critère de choix important.

Les nouvelles aspirations de la société représentent des relais de croissance pour les banques et assurances. L’ancrage territorial fait partie des leviers de croissance identifiés. Par leur présence dans les territoires, les institutions financières peuvent répondre aux problématiques de collaboration, de
proximité et de création de lien social. Les consommateurs aspirent également à une amélioration de leur bien-être via leur service bancaire, un service qui pourrait leur faciliter le quotidien en proposant des services adaptés. La transition écologique et les questions de durabilité des énergies sont aussi des sujets qui agissent comme des vecteurs positifs de croissance pour les structures bancaires.

Les relais de croissance de demain ne passeront plus uniquement par l’usage récurrent des nouvelles technologies mais par la recherche d’une cohérence avec les nouvelles aspirations de la société.

Marie-Claire Capobianco

Marie-Claire Capobianco

Membre du Comité Exécutif du Groupe BNP Paribas et Directrice Croissance & Entreprises

L’intervention d’un groupe comme BNP PARIBAS peut se faire à deux niveaux : d’une part nous pouvons nourrir notre réseau d’agences, sur tout le territoire, de travaux amenés via le digital et ainsi maintenir de l’emploi localement ; nous pouvons d’autre part jouer un rôle fort de valorisation des dits territoires en favorisant des connexions utiles entre différentes catégories d’acteurs du tissu économique que nous connaissons bien.

À quoi serviront la Banque et l’Assurance demain ?

Dans les pays développés, le modèle économique de la banque universelle est fortement remis en cause sous l’effet conjoint de plusieurs facteurs. Les banques réagissent aujourd’hui essentiellement ar des stratégies basées sur l’innovation technologique et la modernisation des usages existants.

Tous les éléments sont réunis pour provoquer une réflexion profonde sur ce que doivent être une banque et une compagnie d’assurance demain. Ce sont de nouveaux modèles qui sont à inventer et un coeur de métier qu’il faut redéfinir. Les premiers travaux menés mettent en évidence que le développement des services financiers semble passer désormais par l’équilibre dans la croissance, la recherche d’une relation plus maitrisée aux temps, la redéfinition d’une nouvelle utilité pour les technologies et peut-être la redécouverte du « vivre ensemble » et l’inclusion du plus grand nombre.