Guerre en Ukraine, production électrique réduite, flambée du prix du gaz et par voie de conséquence de l’électricité… L’année 2022 a été marquée par une crise énergétique majeure faisant craindre le pire pour l’hiver avec un réseau électrique sous tension et des risques de coupure.

Face à cette crise - déjà marquée par des conséquences financières sans précédent pour les ménages et petites entreprises -, le Gouvernement a lancé dans un premier temps, en octobre 2022, un plan de sobriété national pour réduire les consommations d’énergie de 40% à horizon 2050 dont 10% dès 2024 par rapport à 2019[1], et a enjoint les entreprises et collectivités de se doter d’un plan d’actions pour l’hiver 2022-2023. Ce plan de sobriété a été complété par un Acte 2 qui met l’accent sur le secteur des transports, du numérique et de la climatisation[2].

Après la « résilience », la « sobriété » a ainsi pris une place de choix dans le discours politique, devenant le nouveau mot d’ordre pour affronter les prochains hivers et périodes estivales.

Grâce à des températures clémentes l’hiver passé et un effort de l’ensemble des Français en termes de consommations d’énergie, les coupures ont pu être évitées et les émissions de CO2 abaissées. Une importante baisse des consommations électriques de près de 9% a en effet été constatée l’hiver dernier, par rapport à la moyenne des années précédentes (2014-2019, hors crise sanitaire) et après correction de la rigueur climatique[3].

Si cette baisse a été principalement dictée chez les particuliers par la flambée du prix des énergies répondant ainsi à une situation conjoncturelle[4], elle a également été l’occasion pour de nombreux acteurs économiques (collectivités, entreprises) de s’emparer du sujet et de se doter d’un plan d’actions concret en matière de sobriété et d’efficacité énergétiques pour l’hiver.

Pour autant, dans un contexte de changement climatique, les acteurs ne peuvent se contenter de mesures d’urgence court-termistes. La sobriété va devenir un enjeu récurrent auquel les entreprises devront faire face avec des plans d’actions long terme répondant à des considérations environnementales plus globales.

Alors quelles leçons tirer des actions de sobriété déployées l’hiver dernier ? Quelles sont les perspectives pour l’avenir ?

Un bilan énergétique globalement positif sur l'hiver 2022-2023

Les ambitions de réduction des consommations énergétiques ne sont pas nouvelles : la consommation mondiale d’énergie a été multipliée par 10 au 20ème siècle[5] et les guerres et diverses crises ont déjà donné lieu à des incitations à la sobriété énergétique. Fin 1973, à la suite du premier choc pétrolier, le premier ministre Pierre Messmer annonçait en effet une série de mesures destinées à économiser l’énergie et appelait les Français à « l’esprit de discipline civique » et au « sens de la citoyenneté »[6]. Une Agence pour les économies d’énergie fût même créée en 1974. Il faudra toutefois attendre les années 2000 et plus particulièrement 2010 pour que les politiques publiques et la société civile à travers les ONG, prennent conscience qu’une neutralité carbone ne pourra être atteinte qu’en activant l’ensemble des leviers disponibles, aussi bien technologiques que comportementaux.

L’hiver 2022-2023 a été l’occasion de démontrer que des économies d’énergies à grande échelle sont réellement possibles.

C’est d’abord près de 9% des consommations d’électricité qui ont pu être économisés par rapport aux années précédentes, à rigueur équivalente. La tendance baissière s’est manifestée dès le début du mois de septembre 2022 et s’est poursuivie jusqu’à la fin de l’hiver :

Cette baisse de la consommation a d’ailleurs permis à la France de redevenir exportatrice d’électricité dès janvier 2023, après avoir été contrainte d’importer en 2022, pour la première fois depuis 1980.

D’un point de vue sectoriel, le secteur de l’industrie a largement contribué à l’effort collectif en affichant une baisse d’environ 10% de ses consommations électriques. Le secteur résidentiel s’est également positionné en bon élève avec une baisse de consommation d’électricité de près de 10% sur l’hiver dans certains départements tels que le Territoire De Belfort, le Var et les Landes (période du 15 octobre 2022 au 9 avril 2023). Cela s’explique en partie en raison de leur taux d’équipement en appareils de chauffe électriques[7] :

Dans le même temps, la consommation nationale de gaz tous usages confondus a baissé de 12,4% d’août 2022 à mars 2023 par rapport à 2018-2019, à iso températures. Cette baisse a été sensiblement réduite par la forte sollicitation des centrales thermiques gaz pour compenser les difficultés de la production nucléaire et hydraulique française. Hors contribution à la sécurisation du système électrique, la consommation nationale de gaz a en effet baissé de 16,2%[8].

Sur 2022, le secteur industriel a, à nouveau, largement contribué à cette baisse nationale en affichant une réduction de ses consommations de gaz de 11,8% par rapport à 2021[9].

Si les chiffres publiés par les gestionnaires de réseaux sont corrigés des effets du climat, il faut relever que la météo clémente a fortement soulagé les tensions sur les systèmes de distribution de gaz et d’électricité, évitant ainsi le pire : le mois de février 2023 marquait le 13ème mois consécutif au-dessus des normales saisonnières 1991-2020.

Des plans d'actions court-termistes ne laissant pas se profiler une vision à long terme

Un secteur tertiaire engagé dans la sobriété énergétique...

Dans ce contexte de crise énergétique, de nombreuses entreprises et collectivités ont mis en place dès le début de l’hiver 2022 des mesures de sobriété et d’efficacité pour atteindre l’objectif de réduction fixé par le Gouvernement.

Charles Remande, Directeur Environnement et Energie chez Sodexo France, a partagé à ce titre la volonté de l’entreprise de développer et faire vivre sur le long terme trois plans en parallèle : un plan d’efficacité énergétique, un plan de sobriété hivernale et un plan de sobriété estivale. « Il faut en effet s’attendre à ce que le sujet de la sobriété devienne récurrent et à ce que les plans de sobriété deviennent une obligation réglementaire ».

A la lecture des chartes d’engagement des entreprises, les actions mises en avant touchent majoritairement les bâtiments tertiaires. Le secteur tertiaire représente en effet 16% de la consommation d’énergie finale en France en 2021[10] et constitue donc un fort gisement d’économies d’énergie. De multiples actions peuvent être envisagées à court et moyen termes par les acteurs, avec des degrés d’impact variables. L’Association négaWatt estime à 30% le potentiel d’économies d’énergie pour ce secteur[11].

Sur l’hiver passé, le Ministère de la Transition écologique attribue aux actions de sobriété mises en place, 20% de l’ensemble des économies d’énergie réalisées dans les bureaux entre novembre et décembre 2022, par rapport aux mêmes mois en 2021[12].

... mais des plans d'actions conventionnels sans grandes ambitions

Si le secteur tertiaire s’est fortement mobilisé, il s’est toutefois globalement montré peu ambitieux dans les plans d’actions déployés. Sans surprise, cinq lots d’actions reviennent de façon plutôt récurrente, à impact variable sur l’empreinte énergétique :

Le chauffage représente à lui seul plus de 50% du gisement total d’économies d’énergie du secteur tertiaire.

Les principaux écogestes mis en avant par les entreprises consistent à s’assurer du respect de la consigne de chauffage à 19°C en période d’occupation conformément à la réglementation en vigueur[13], à la mise hors gel en période d’inoccupation et à la limitation du nombre d’étages ouverts et donc chauffés un jour par semaine (le vendredi en majorité), grâce au télétravail.

La réduction d’1°C ambiant permet une économie de 7% de la consommation énergétique du bâtiment associée au chauffage[14].

L’application de la consigne permettrait ainsi d’économiser environ 30 000 GWhs par an ! C’est LA mesure phare à privilégier par les entreprises.

Cette action de sobriété n’est toutefois pas à la portée de tous. En effet, selon le mode de chauffage (individuel, central, réseau de chaleur) et le système de régulation interne du bâtiment (présence ou non d’une GTB/GTC, d’IoT, état d’entretien des installations…), ces économies ne sont pas toujours mobilisables. Un bâtiment raccordé à un réseau de chaleur et dont le système de régulation interne de chauffage est obsolète, ne pourra par exemple pas agir sur ce poste de consommation sans réaliser au préalable des investissements importants.

Par ailleurs, bon nombre d’entreprises proposent de réduire les espaces de bureaux chauffés en encourageant le télétravail. Malgré le report de la problématique de sobriété sur le secteur résidentiel qui n’a pas toujours les moyens financiers, techniques et/ou juridiques d’agir notamment en copropriétés, le bilan global des mesures de télétravail apparaît favorable d’après les premiers résultats de l’expérimentation menée par le Ministère de la Transition écologique[15] : sur l’échantillon étudié, le bilan énergétique du télétravail compensé de l’effet rebond sur le secteur résidentiel, est très positif lorsqu’il est organisé et en particulier lorsqu’il s’accompagne de la fermeture d’un site sur plus de 48 heures.

Après avoir agi sur le chauffage, la quasi-totalité des entreprises proposent d’agir sur la climatisation et la ventilation.

L’arrêt de la ventilation en période d’inoccupation représente, d’après l’Association négaWatt, un gisement de 18 000 GWh, soit 50% de ce poste de consommation. Cette mesure fait partie du TOP 2 des actions à mettre en place dans les bâtiments tertiaires et permet d’agir aussi bien sur les consommations d’électricité des systèmes de ventilation que sur les consommations de chauffage en limitant les pertes thermiques par renouvellement d’air.

En revanche, bien que plébiscitée dans les plans de sobriété au même niveau que l’arrêt de la ventilation en période d’inoccupation, la limitation de la température de climatisation n’a qu’un faible impact sur les consommations globales du bâtiment. La limitation de la climatisation à 26°C ambiants ne permettrait en effet d’économiser que 2 900 GWh​ au sein du parc tertiaire, soit presque 8 fois moins que le respect de la consigne de chauffage ! En outre, comme pour le chauffage, les actions de sobriété sur la climatisation ne sont possibles qu’avec des systèmes efficaces à la main des occupants, ou requièrent à défaut des investissements préalables importants. Ce n’est donc pas une action qui devrait concentrer les efforts à réaliser bien qu’elle soit – dans tous les cas – requise par la loi[16].

Au même plan que la réduction de la climatisation et de la ventilation, les entreprises ont aussi mis en avant l’optimisation de l’éclairage dans leur plan, grâce au passage à LED et à l’installation de capteurs de présence. Plutôt assimilables à des actions d’efficacité énergétique à moindre coût avec un ROI estimé inférieur à 3 ans, ces actions représentent toutefois un gisement assez faible de 900 GWh. Cela s’explique principalement du fait que la majorité des entreprises sont déjà équipées de tels dispositifs. Il s’agit donc d’actions faciles à mettre en œuvre mais qui ne doivent pas venir en substitution d’autres mesures à plus fort impact.

Par ailleurs, il faut savoir que les équipements informatiques représentent 21% de la consommation électrique d’une entreprise de bureau, et ce chiffre devrait continuer à croitre ces prochaines années[17]. C’est pourquoi la majorité des entreprises consacre également un volet de leur plan de sobriété au numérique en encourageant l’extinction du matériel informatique en fin de journée ou encore la limitation des emails et des pièces jointes via l’utilisation de plateforme partagée. L’ADEME recommande également de prolonger au maximum la durée de vie des appareils informatiques. Par exemple, le bilan environnemental d’un ordinateur ou d’une tablette peut être amélioré de 50% en passant de 2 à 4 ans d’usage[18].

autoconsommationEnfin, 91% des entreprises interrogées par le Ministère de la Transition écologique ont déclaré avoir mis en place des actions de sensibilisation des salariés aux éco-gestes[19].

Bien que n’ayant pas la main sur un certain nombre d’actions (chauffage, climatisation, éclairage automatique…), certains gestes restent en effet à la maîtrise des salariés et s’articulent principalement autour de la sobriété numérique : extinction des veilles, recharge en discontinu, limitation des pièces jointes de courriels et suppression des courriels inutiles…  A noter que sur ce point et en lien avec la sobriété numérique, le Gouvernement a mis en place en avril dernier avec l’ADEME, le CNRS et l’INRIA, le programme « Alt‑Impact » ayant vocation à former aux gestes de sobriété numérique (écoconception des services numériques, allongement de la durée de vie des équipements, recyclages des matériels informatiques).

Si ces différentes actions restent pertinentes pour atteindre les objectifs de sobriété fixés par le Gouvernement, les plans d’actions manquent d’ambitions en se contentant d’agir sur des postes conventionnels en réponse à l’urgence énergétique de l’hiver passé.

Rappelons que le changement climatique affecte aussi bien les températures hivernales qu’estivales et impacte dès lors également la stabilité du système électrique en été, particulièrement sollicité par la climatisation et la ventilation. Selon Météo-France, l’été 2022 a été au deuxième rang des étés les plus chauds observés en France depuis le début du 20ème siècle[20] et pour 2023, le scénario le plus probable est à nouveau celui d’un trimestre plus chaud que la normale avec toutefois un signal moins affirmé que pour l’été 2022[21]. Or, on constate que depuis fin avril, les efforts de sobriété diminuent déjà : l’écart de consommations électriques par rapport aux niveaux d’avant-crise sanitaire se réduit progressivement, limitant les leviers d’action disponibles pour les économies d’énergie. Sur la semaine du 1er mai, la réduction s’est élevée à environ -7% (par rapport 2014-2019) alors qu’elle était de -9 % / -10 % sur les quatre semaines précédentes[22].

Il est ainsi urgent d’inscrire les plans d’actions dans la durée.

Les pistes à envisager pour inscrire la sobriété dans une démarche plus pérenne

La définition d'objectifs, de critères de déclenchement et d'outils de pilotage pertinents

Les plans de sobriété publiés par les entreprises comprennent une série d’actions à mettre en œuvre mais ne s’accompagnent pas toujours d’objectifs chiffrés. La fixation d’objectifs quantitatifs et mesurables permet pourtant de formaliser une trajectoire de sobriété claire de l’entreprise et de mesurer l’atteinte ou non atteinte de ses ambitions. Le Ministère de la Transition écologique a ainsi rappelé au printemps dernier l’importance d’assortir les plans de sobriété d’objectifs chiffrés en termes de consommation d’énergie, et a recommandé une validation de ces objectifs par les instances de gouvernance ainsi qu’une publication officielle[23]. Il s’en est suivi que 40 entreprises du CAC40 se sont désormais engagées à se fixer des objectifs chiffrés[24].

Par ailleurs, si la plupart des mesures de sobriété promues dans les plans doivent être mises en œuvre de façon continue sur une saison ou plus (telles que le suivi de la consigne de chauffage à 19°C, la sobriété numérique…), certaines actions à fort impact pour les usagers ne peuvent être déclenchées qu’en dernier ressort. Les plans de sobriété s’étant initialement inscrits dans le contexte d’insécurité énergétique, la plupart des acteurs ont ainsi défini des critères de déclenchement sur la base de la météo EcoWatt. C’est le cas pour Sodexo notamment mais aussi ENGIE qui avait déclaré programmer des arrêts entre 09h et 12h et entre 18h et 21h en cas de pics électriques sur ces créneaux. Ainsi, le passage à une alerte orange puis rouge déclenchait des mesures de plus en plus contraignantes. Si RTE continue de publier à ce jour sa météo EcoWatt, le déclenchement des diverses actions ne doit pas être corrélé ni exclusivement ni systématiquement à la stabilité des systèmes énergétiques. La sobriété doit en effet poursuivre un objectif général de transition énergétique et écologique avant tout, et non purement sécuritaire. Ainsi, l’atteinte de paliers de consommations, d’émissions de CO2 ou d’un certain taux d’énergie fossile dans le mix énergétique (notamment pour les bâtiments chauffés au gaz) doivent guider l’application de certaines mesures. Pour encourager ces mesures, RTE prévoit d’indiquer à l’avenir sur son site EcoWatt, les meilleures périodes de consommations au regard du bilan carbone.

Enfin, une fois les mesures définies et déclenchées, encore faut-il pouvoir en mesurer les effets concrets. Les outils de suivi et de pilotage sont primordiaux pour mesurer le succès de ces mesures et renforcer autant que de besoin les plans de sobriété. Ce suivi permet également de définir sa capacité d’effacement du système électrique, enjeu de plus en plus prégnant dans un contexte croissant d’offres de fourniture avec effacement. L’installation de dispositifs de suivi des consommations d’énergie et de pilotage intelligent des équipements, permettent d’analyser finement les besoins réels, les profils de consommation et d’optimiser les productions.

La mise en place systématique d'une démarche d'élaboration et d'évolution concertée, gage de pérennité

L’efficacité dans le temps des plans d’actions déployés à l’échelle des entreprises ne sera en outre permise que par l’implication systématique de l’ensemble du personnel dans l’élaboration et l’évolution des plans, étape fondamentale pour traiter les freins identifiés et engager un véritable changement de comportement des salariés sur le long terme.

Pourtant dans certaines entreprises comme chez Sodexo, le choix des actions à mettre en place passe par une consultation des seuls représentants du personnel, des directions associées au déploiement du plan de sobriété et de certains métiers mais pas par une consultation de l’ensemble des salariés.

La nécessité d'agir à la source et sur tous les secteurs

Enfin, les entreprises devront agir sur l’ensemble des secteurs ainsi qu’à la source des surconsommations. 

Elles ont en effet jusqu’ici peu investi le volet diagnostic amont du gaspillage énergétique alors qu’il constitue la première étape vers une réduction pérenne des consommations. La désignation d’un référent sobriété au sein de l’entreprise recensant notamment les situations d’excès représenterait un gisement mobilisable de 5 000 GWh, soit presque autant que le gisement lié à l’arrêt du chauffage en période d’inoccupation ! En complément, lorsque le bâtiment est doté de ses propres installations de chauffage et de climatisation, il pourrait être envisagé de confier systématiquement à l’exploitant la réalisation d’un « diagnostic Sobriété » visant à identifier les actions d’économies d’énergie à effet immédiat ou faciles à mettre en œuvre sur les installations elles-mêmes ou concernant la conduite de ces installations. A noter que certains dispositifs relativement similaires existent déjà pour accompagner les petites et moyennes entreprises : Bpifrance et l’ADEME ont en effet créé en septembre 2020 le « Diag Eco-Flux » pour les PME. Il s’agit d’une prestation de conseil menée sur site par des bureaux d’études spécialisés en optimisation des flux et dont la mission est d’identifier des mesures concrètes, faciles à mettre en œuvre et sources d’économies dans quatre domaines : énergie, eau, matières et déchets[25].

Les entreprises devront également agir sur l’ensemble des secteurs consommateurs d’énergie. A cet égard, le secteur des transports est le seul secteur à ne pas avoir vu ses consommations diminuer l’hiver dernier. Pourtant, la consommation d’énergie de traction du secteur des transports représente 32% de la consommation énergétique finale (hors production d’énergie) et le transport routier plus particulièrement est de loin le plus consommateur : il est responsable en 2019 de 93% de l’énergie totale consommée par l’ensemble des transports[26].

Un des leviers mis à l’honneur du Plan de Sobriété Acte 2 est ainsi la réduction des consommations de carburants fossiles, en promouvant les mobilités douces et le covoiturage, et en accélérant le verdissement des flottes de véhicules professionnels. Le Ministère a également demandé aux entreprises d’ajouter dans leur plan de sobriété une consigne de circulation à 110 km/h maximum sur autoroute pour les déplacements professionnels et 27 entreprises du CAC40 s’y sont engagées. Cette mesure permettrait de réduire de 20 % les émissions de CO2 associées et la consommation de carburant.

Force est de constater que les plans de sobriété se sont ainsi cantonnés à des actions courts termes sur les seules consommations d’énergie des secteurs en crise, conformément à l’injonction initiale du Gouvernement. La sobriété s’inscrit toutefois dans un contexte plus global de transition environnementale et doit dépasser la dimension énergétique. Des actions sont attendues à ce titre sur l’ensemble des produits et des services consommés, notamment sur l’eau.

Enfin, les entreprises doivent aller au-delà des contraintes et objectifs réglementaires. Le respect des consignes de chauffage à 19°C et de climatisation à 26°C mis en avant dans l’ensemble des plans de sobriété ne fait en effet que refléter des obligations légales applicables depuis… 1977 et 2007 ! Le Plan de sobriété Acte 2 rappelle à cet égard que ces niveaux sont des minimums et demande aux entreprises d’aller plus loin. La révision en cours des directives européennes relatives à l’énergie (Efficacité Energétique, Performance Energétique des Bâtiments et Energies Renouvelables) doit inciter les entreprises à être précurseurs sur ce sujet en anticipant le renforcement de leurs obligations et en se dotant des moyens leur permettant d’y faire face.

En définitive, si la prise de conscience générée par la situation de crise hivernale des systèmes énergétiques et l’investissement des différents acteurs peuvent être salués, il est désormais nécessaire d’aller plus loin dans la démarche et d’inscrire la sobriété de façon durable dans la société.

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