Alors que les solutions de mobilité se sont bien développées dans les centres-villes — des aménagements vélos aux réseaux de bus, de tramway ou de métro —, comme à l’échelle nationale (TGV et autoroutes, notamment), il est urgent de s’occuper du péri-urbain et des banlieues.

2023 devra nécessairement être placée sous le signe de l’intermodalité et de l’alliance intelligente entre pouvoirs publics et opérateurs pour dessiner des solutions de mobilité péri-urbaines vertueuses, modulables, partagées et connectées.

Le péri-urbain à la traîne

Ces dernières années, nos modes de vie et de déplacement ont été bouleversés par le télétravail, la piétonisation des hypercentres, la prise de conscience écologique, la recherche d’une meilleure qualité de vie et la quête d’une plus grande flexibilité entre transports en commun, partagés et individuels. Les jeunes générations illustrent d’ailleurs bien ce besoin de mobilité “à la demande“, entre marche à pied, vélo, co-voiturage et transport public.

Si à Paris et dans les grandes métropoles, il est assez facile de combiner l’un ou l’autre de ces moyens, cela se complique en péri-urbain et en grande couronne où les populations ont besoin de se déplacer sur des distances plus importantes pour leur travail ou leurs loisirs, rejoindre une gare, des amis ou de la famille. Le laboratoire de la mobilité inclusive l’a matérialisé dès 2017 : 4 français sur 10 déclaraient, à cette date, avoir des difficultés dans leurs déplacements quotidiens. Cela ne s’est guère amélioré depuis, et le déploiement des Zones à Faibles Emissions (ZFE) va, de plus, sérieusement contraindre les trajets individuels motorisés.

Maillage de mobilités publiques et privées

Dans un contexte de décarbonation des modes de transport et de contrainte énergétique forte, il devient essentiel de développer des stratégies et des offres intermodales combinant transports collectifs ferrés et routiers, et modes doux partagés ou individuels. À mes yeux, cela doit se faire en bonne intelligence avec les métropoles, les régions, les populations, les opérateurs, et le soutien de l’État.

Ces solutions du quotidien, fluidifiant le maillage de mobilités publiques et privées, sont à mettre en place dans le cadre de contrats opérationnels de mobilité locaux. Elles doivent favoriser le rabattement vers des transports collectifs à haut niveau de service, que l’on y arrive à pied, en trottinette, en vélo, en voiture ou en navette. Tout cela revêt une importance encore plus particulière dans un contexte, crucial s’il en est, de transition écologique et d’amélioration de la qualité de vie. Ces aménagements “légers“ sont urgents à réaliser… et 2023 semble une année propice pour cela : il s’agit d’une année sans élection et durant laquelle un nouveau sommet sur la transition écologique sera organisé.

Solutions multimodales durables

Priorité doit être donnée au développement de véritables stations intermodales comme à Nantes, Rennes, Grenoble ou Strasbourg. Ces stations utilisant les transports en communs existants et desservies par des pistes cyclables, doivent faciliter les mobilités douces et partagées, avec des parking relais pour les voitures, des boxes pour les vélos, des stations de recharge de véhicules électriques, des agents de mobilité et des bornes d’information et d’achat de titres de transport, le tout connecté à des applis dédiées.

Les solutions techniques, digitales et humaines existent pour favoriser la fluidité, la fiabilité et la sécurité des déplacements. Il convient maintenant de les étendre et les systématiser en concertation avec les Autorités Organisatrices de Mobilité et les opérateurs pour faciliter au quotidien les accès en centre-ville et les liaisons péri-urbaines. Des aménagements indispensables pour développer l’intermodalité et les mobilités durables, comme le font les pays du nord de l’Europe.

La mobilité ‘as a service

Cette démarche suppose de raisonner au niveau d’un bassin de mobilité, en décloisonnant les silos, pour proposer des solutions qui répondent efficacement aux besoins quotidiens de mobilité des populations. L’enjeu est de développer l’interopérabilité dans le cadre de solutions de Mobility as a Service (MaaS) faisant le lien entre le numérique et des offres de transport public et privé qui se combinent entre elles. Cette possibilité est entre les mains des décideurs et opérateurs locaux pour bâtir les solutions de demain avec l’appui des pouvoirs publics.

Alors, faisons en sorte que 2023 soit l’année de l’intermodalité en périurbain !