Pour accélérer sa transformation numérique, l’Etat français peut plus largement s’appuyer sur l’écosystème numérique français et européen des acteurs spécialistes de solutions éprouvées et optimisées. Au-delà des gains de temps et des gains financiers permis par le recours à des solutions technologiques existantes, de telles collaborations contribuent au développement et au dynamisme d’une filière d’excellence numérique souvent porteuse de garanties en matière de sécurité des données et de souveraineté. Elles permettent par ailleurs la mise à disposition rapide de solutions d’excellence, comparable à ce que les usagers expérimentent dans leur vie quotidienne. Quelles initiatives ont déjà été menées sur ce terrain ? Comment aller plus loin ?

Des dispositifs de facilitation des synergies public/privé existent, mais leur utilisation reste encore limitée

L’Etat français a engagé plusieurs actions facilitant la mise en œuvre de telles stratégies. Par exemple, en réponse aux difficultés rencontrées par les acteurs publics pour acquérir des solutions innovantes auprès de startups ou de TPE/PME, le code des marchés publics a évolué. Il a introduit le dispositif des « achats innovants » pour faciliter l’achat public auprès d’un secteur où chaque fournisseur de solution innovante opère dans un marché encore peu concurrentiel. L’Etat s’engage par ailleurs lui-même en acquérant des briques logicielles auprès du privé : c’est notamment le cas dans le cadre de l’élaboration du Sac à Dos Numérique de l’Agent Public (SNAP), dont les outils Osmose et Resana reposent sur des solutions du marché.

Force est toutefois de constater qu’il reste encore des obstacles à franchir pour profiter pleinement des solutions innovantes développées par l’écosystème numérique français. En témoigne par exemple le faible recours au dispositif « achats innovants » évoqué ci-dessus, puisqu’en 2021, seulement 231 marchés ont été conclus au travers de ce dispositif depuis son lancement.

Des leviers complémentaires à actionner pour tirer le plein profit des innovations disponibles sur le marché

Pour aller plus loin, un questionnement systématique au moment du cadrage d’un projet, permettrait aux porteurs de projet de prendre le temps d’analyser le marché des solutions disponibles et de déterminer l’opportunité d’y recourir ou pas selon une analyse multi-factorielle (réponse aux exigences fonctionnelles et techniques, analyse coût/bénéfices, niveau de dépendance aux fournisseurs et réversibilité, etc.). Par ailleurs, afin d’encourager ces synergies, des temps et des espaces propices aux rencontres et à la connaissance réciproque des enjeux et des projets de chacun permettraient de rapprocher ces deux écosystèmes.

Les acteurs publics pourraient ainsi mieux connaître les innovations disponibles sur le marché et les fournisseurs de solutions pourraient mieux éprouver et anticiper les enjeux et besoins spécifiques des acteurs publics. Plusieurs initiatives ont déjà été engagées en ce sens parmi lesquelles le catalogue GouvTech de la mission LABEL du programme tech.gouv de la DINUM, ou encore le dispositif French Tech Next40/120 qui accompagne et met en valeur 120 acteurs technologiques chaque année.

L’Etat a aussi créé des espaces qui permettent la rencontre des deux mondes : c’est le cas du programme « French Tech Central » qui permet l’installation d’administrations et de services publics dans des lieux représentatifs de l’écosystème French Tech pour favoriser les échanges et faire des acteurs publics des partenaires de proximité des startups. Ces initiatives pourraient être renforcées, en organisant, par exemple, l’accueil d’entreprises innovantes au sein des Ministères, ou en créant des tiers-lieux d’incubation communs. 

La mise en œuvre de tels leviers permettrait d’accélérer l’innovation croisée entre secteur public et écosystème des start up tech, au bénéfice de la transformation numérique de l’Etat français et du développement d’un leadership technologique européen de plus en plus incontournable dans le contexte géopolitique actuel.