La création de la direction interministérielle des systèmes d’information et de communication de l’État (DISIC) en février 2011, devenue la DINSIC en 2015 puis la DINUM en 2019, constitue un événement fondateur de la gouvernance interministérielle du numérique de l’Etat. Plus de 10 ans après, quel bilan peut-on tirer ? Comment le rôle de la DINUM pourrait être amené à évoluer ? 

Un rôle originel qui évolue progressivement vers une posture de conseiller 

Les principes fondateurs de la gouvernance interministérielle ont installé l’actuelle DINUM dans un triple rôle.
Elle est chargée de l’élaboration et du pilotage de la mise en œuvre de la stratégie numérique de l’Etat. Elle porte également une mission de veille sur les grands programmes numériques ministériels et d’examen préalable des conditions de réussite et de retour sur investissement. Enfin, elle a un devoir d’alerte sur les risques portés par les grands projets SI conduits par les ministères.

Ce rôle a progressivement évolué depuis son origine. D’une posture originelle essentiellement orientée sur la veille, le contrôle et l’audit, la DINUM a peu à peu développé sa posture de conseil. A titre d’exemple, les audits conduits par la DINUM au titre de l’article 4 sont nourris par des recommandations toujours plus expertes sur les conditions permettant la réussite des grands programmes engagés. Ces audits peuvent se poursuivre par des missions d’accompagnement des ministères visant à aider les sponsors des projets dans la refondation ou la sécurisation de la trajectoire des projets audités.

Cette réalité nouvelle et la recherche d’efficience dans la transformation numérique de l’Etat, amènent à s’interroger sur une évolution possible du rôle de la DINUM, vers un rôle plus affirmé de conseil et d’assistance aux ministères pour la réussite des grands programmes de transformation numérique.

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Des opportunités nouvelles en matière d’appui opérationnel à la transformation numérique de l’Etat

Agissant aujourd’hui dans une posture d’animation, de formation, de contrôle et d’audit, la DINUM pourrait ainsi voir son rôle renforcé en matière de mise en cohérence, de coordination ou encore d’appui opérationnel des grands chantiers ministériels de transformation numérique.

Pour pallier la rareté, la difficulté à recruter ou à conserver dans la durée certaines compétences clés, et pourtant nécessaires à la réussite de projets de transformation numériques (ex. directeur de projet, Scrum master, UX designer, data scientist, expert en cybersécurité, etc.), un « pool » de compétences rares pourrait être constitué à l’interministériel. Elles pourraient être mobilisées à fins de réorientation, de coaching, d’acculturation ou encore de mobilisation temporaire aux côtés des ministères pour les accompagner dans leurs projets. La mutualisation et la mise à disposition, au cas par cas, de telles ressources expertes et rompues à la conduite de chantiers numériques permettrait, en complément des ressources propres à chaque ministère, de contribuer à la réussite de leurs transformations tout en participant à l’essaimage de nouveaux savoir-faire et à la montée en maturité de l’ensemble des ministères dans les nouvelles méthodes de conduite de projets.

Ce dispositif complèterait l’accompagnement déjà mis en œuvre par la DINUM, en collaboration avec d’autres directions interministérielles telles que la DAE ou l’ANSSI : un cadre méthodologique de conduite de grands programmes, une animation et des formations destinées aux directeurs de grands projets SI de l’Etat.

Ces réflexions sur une possible évolution du schéma de gouvernance interministérielle et sur une nouvelle offre de service de la DINUM, pourraient utilement associer le collectif interministériel afin de préciser les attentes et les solutions qui pourraient être implémentées.